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Bejuco représente une nouvelle génération de musiciens, née dans les entrailles des mangroves de Tumaco, « la Perle du Pacifique ». Le groupe s’est créé comme un laboratoire de recherche sur les musiques de marimba, bambuco et chants traditionnels du Pacifique Sud, et en fusionnant avec des sonorités modernes et africaines ; c’est maintenant un manifeste de la vitalité et de l’energie « électrique » de Tumaco : « Batea » pourrait être le premier disque d’Afrobeat du Pacifique, ou « Bambuco Beat ».

Je m’appelle Juan Carlos Mindinero, plus connu dans le Pacifique comme « Cankita ». Je suis « marimbero » depuis l’âge de 7 ans, et en ce moment je suis directeur musical de Bejuco Music.

Bejuco est un groupe musical né en 2015, tout d’abord en tant que groupe de musique traditionnelle, pour conserver et transmettre la musique traditionnelle.
Nous étions déjà sorti de « Agrupación Changó » qui était notre premier groupe et nous voulions nous ouvrir, et explorer d’autres choses, tout en continuant la musique traditionnelle ; nous faisions un nettoyage dans les mangroves, Edwin a vu une branche de bejuco (une liane), et il dit « notre groupe s’appellera « bejuco » » ; « bejuco », c’est une amarre que nos ancêtres utilisaient pour attacher des marchandises avant de les porter sur leurs épaules.

Nous sommes dix membres, tous issus d’écoles traditionnelles de Tumaco, nos racines sont donc bien imprégnées, et nous aimons aussi ce qu’il se passe en Afrique ; avec le temps, en 2018, nous sommes devenus un groupe de fusion de musique traditionnelle avec l’afrobeat nigérian. Surtout l’afrobeat, tout ce qu’a fait Fela Kuti, Tony Allen à la batterie ; c’est un rythme qui n’entrave pas les riffs de bambuco, notre bambuco qui est notre rythme représentatif. Le bambuco pur sera toujours dans notre musique, et dans la forme de chanter on utilise beaucoup les notes graves de la marimba, le bombo, nous avons les deux cununos, on utilise le guasá aussi, les voix, synthétiseur, claviers, et avec la batterie afrobeat, dans les riffs de guitare aussi.

Le disque « Batea » a été principalement un hommage à Tumaco. La batea est un outil ancien, c’est un héritage de nos ancêtres, un outil du quotidien des femmes et des hommes du Pacifique, il s’utilise pour laver, pour extraire l’or dans les mines, pour récolter les fruits ; c’est un objet sphérique, en bois avec une « zanja » qui permet de conserver les choses que l’on met sur cette « batea ». Un objet qui représente le travail, la force, et cet homme bon, gentil et travailleur de Tumaco.

Aussi, on veut mettre en avant la nature du Pacifique. Les éléments importants, comme l’eau qui est un élément vital : sans l’eau nous ne pouvons pas vivre, « agüita », comme on le dit dans la chanson. Dans « Agüita », nous jouons justement le rythme « agualarga » ou « agua » qui est un rythme typique de Tumaco. Le rythme « agua » dans le Pacifique se joue à Tumaco dans la région du Telembí et en Equateur. Ce rythme provient des gammes pentatoniques africaines. Elle a une couleur bien africaine, très proche des rythmes de balafon, mais elle contient aussi des racines Indigènes et Noires d’ici. On le joue beaucoup dans les environs de Tumaco, les Indigènes le jouent beaucoup le long des routes, les Awá et les indigènes Cayapá en Equateur le jouent beaucoup aussi.

Nous essayons de mettre en avant ces rythmes qui se trouvent uniquement à Tumaco.

Une autre chanson spéciale serait « Campesino » qui parle de l’homme qui travaille aux champs, et d’arrêter de stigmatiser les gens des campagnes en Colombie. Les paysans sont bons, nous sommes nous-mêmes issus de la campagne, chacun de nous a des origines à la campagne. Nous savons que ce qui se passe dans nos territoires a été imposé, et que les conditions et les manques ont amené beaucoup de gens à pratiquer une économie illégale. Beaucoup de gens travaillent honnêtement, se lèvent chaque jour pour récolter les fruits que nous mangeons, la production agraire du pays, et c’est mon compagnon Andrés Micolta qui la chante.

« Arrullo Party » est une super chanson aussi, plus urbaine !

Cette chanson c’est le côté urbain de Tumaco, car Tumaco est très urbain. On essaie de garder la musique traditionnelle de marimba et les chants traditionnels, mais aussi ce qui se passe ici avec la salsa choke ou le « perreo tumaqueño ». Donc « Arrullo party » est un « arrullo » comme lorsqu’on chante un « arrullo », mais c’est une fête urbaine aussi.

On pourrait parler de Bejuco comme des « agents de changement du territoire » : des gens qui travaillent pour la construction de la paix et de la transformation du territoire en plus de faire de la musique et conserver l’héritage de nos ancêtres. Pour nous, quelqu’un qui joue d’un instrument, ne doit pas avoir une arme à la main. Dans nos chansons nous parlons de ça : essayer de continuer de conserver, en ouvrant la porte de nore studio à tous les talents de Tumaco ; aider ceux qui viennent, et former les jeunes qui nous voient comme des références.

Crédits :
Interview, montage son : Frédéric Tonin
Illustration, graphisme, montage vidéo : Olivier Corre & Rémy Porcar
Texte et traduction : Frédéric Tonin & Alejandra Pinzón García

Musiques :
Bejuco – Yo me voy
Bejuco – Chigualo
Bejuco – Batea
Bejuco – Agua
Bejuco – Campesino
Bejuco – Arrullo Party
Bejuco – La clave de vivir
Bejuco – Llegó Bejuco

Remerciements : Cankita, Andrés Micolta y Edwin (Bejuco Music), Eddy Gomez (Discos Pacifico)

Contenu en attente.

Interview, montage son : Frédéric Tonin
Illustration, graphisme, montage vidéo : Olivier Corre & Rémy Porcar
Texte et traduction : Frédéric Tonin & Alejandra Pinzón García

Musiques :
Bejuco – Yo me voy
Bejuco – Chigualo
Bejuco – Batea
Bejuco – Agua
Bejuco – Campesino
Bejuco – Arrullo Party
Bejuco – La clave de vivir
Bejuco – Llegó Bejuco

Remerciements : Cankita, Andrés Micolta y Edwin (Bejuco Music), Eddy Gomez (Discos Pacifico)